Sauf si vous avez passé plus de sept mois sur une ile déserte, vous ne pouvez pas ignorer la guerre qui oppose la Russie à L’Ukraine. Toujours les mêmes images qui tournent en boucle sur les chaînes d’info. Pendant ce temps, les rédactions oublient de traiter les autres sujets d’actualité. Et pourtant 400 crises ou conflits se déroulent chaque année dans le monde et les médias « mainstream » n’en développent qu’à peine 40.
Pour minimiser les coûts de production des débats interminables et insipides sont organisés avec des intervenants qui arborent chacun leur opinion dans un style « café du commerce ». Réaliser un talk-show avec quelques participants réunis autour d’une table, ça ne coûte presque rien et ça rapporte beaucoup. Voilà une des recettes juteuses des chaînes d’info.
Une autre guerre sévit actuellement dans le landernau médiatique, elle oppose TF1 à Canal Plus. Depuis plus d’un mois le diffuseur Canal Plus ne reprend plus le signal des chaînes du groupe TF1. L’objet de la discorde, l’allocation de distribution payée par le groupe TF1. Les deux sociétés se rejettent la responsabilité. Un premier jugement en référé a débouté TF1 car Canal Plus n’a pas d’obligation légale du « must carry ». La diffusion des chaînes s’appuie donc sur des accords commerciaux. Dans ce contexte le groupe Canal joue la montre. Plus on s’approche du démarrage du mondial de football très controversé et plus TF1 devra négocier et céder à la pression de Canal Plus. Le groupe Bouygues s’inclinerait une fois de plus après l’échec cuisant de la fusion TF1/M6 sans oublier la cession à perte du réseau Unify.
A qui profite cette situation ? A France 2 d’abord, qui diffuse le même JT de 20 heures et qui bénéficie du report de l’audience. Des journaux télévisés fortement impactés par le flux des infos en continu. Le style du JT n’a pas évolué depuis un demi-siècle. De quoi s’interroger sur la nécessité de conserver la messe du 20 heures. Elle est devenue trop chère à produire alors qu’elle couvre aujourd’hui tellement peu de sujets d’actualité. Le JT de 20 heures semble menacé.
Rodophe Belmer -ex-Atos récemment nommé président de TF1 prendra ses fonctions début 2023 pour mettre en place un programme de sobriété. Il devra s’atteler à la réduction des charges et reconstituer une grille de programmes dont la corrosion est déjà bien avancée. Il aura comme autre mission de renouer avec un niveau de rentabilité fort pour concurrencer les plateformes hybrides comme Netflix ou Disney+, très agressives en cette rentrée.
Ces médias puissants n’acceptent pas l’érosion des abonnements et recherchent en permanence des nouveaux relais de croissance. Des offres innovantes moins chères intégrant des insertions publicitaires seront déployées cet automne. Netflix multiplie les annonces et propose à date un coût d’entrée exagéré.
Il faut être un annonceur riche pour accepter toutes les contraintes imposées. Mais il reste d’autres inconnues et pas des moindres. Quel sera le prix de ce nouvel abonnement ? Quels contenus seront disponibles pour ce nouveau modèle ? Et quid du maintien du partage du compte ?
En attendant, ces nouveaux entrants dans le marché publicitaire comptent bien faire table rase aux habitudes du passé. Les annonceurs et leurs agences médias continuent pourtant de pressuriser les régies télévision en négociant âprement des tarifs toujours orientés à la baisse. Une position qui les place en totale contradiction avec la stratégie commerciale des plateformes qui jouent gros la transformation de leur modèle économique.