C’est un exercice périlleux que se sont livré les trois compères du groupe M6 : réaliser une conférence de rentrée multi-médias à destination des annonceurs et des agences-conseil en visioconférence pendant une heure questions comprises.
Pari réussi par David Larramendy en moins de 59 minutes, le patron de la pub fait une entrée décontractée et présente un bilan positif de ses chaînes. Il met en avant des audiences en progression, une durée d’écoute au plus haut et un public qui se tourne davantage vers des émissions qui traitent de leur quotidien plutôt que vers des plateformes froides et distantes qui « éloignent et isolent ».
Avec une volonté de faire court, le directeur des programmes Guillaume Charles rentre dans le vif du sujet et présente les nouveautés programmes. Vous connaissiez « Maison à vendre » et « Recherche appartement ou maison » et bien M6 va maintenant vous aider à déménager. Vous avez entamé des travaux de rénovation qui tournent au cauchemar M6 vous envoie un coach pour vous permettre de réaliser comme on dit « les petites finitions ». Tout ce petit monde sera orchestré devinez par qui ? Stéphane Plaza bien sûr !
Côté cuisine, même combat on conserve les émissions phares “Top Chef” et “Le meilleur pâtissier” et on introduit un nouveau concept : « Snack Master ». Le pitch : des chefs étoilés doivent reproduire à l’identique des produits de grande consommation bien alourdis en sucre et en gras par nos amis industriels qui prennent bien soin de nous engraisser.
Mais la chaîne a encore d’autres cordes à son arc, elle envisage de créer un programme éco-business intitulé. “Qui veut être mon associé ?” » une pâle copie de la célèbre émission présentée dans les années 80 par Bernard Tapie “Ambitions” avec moins de moyens et moins de panache.
Et ce n’est pas fini, M6 entend rester dans la course à l’Élysée et prévoit de diffuser une série de portraits intitulés “Combats de femmes” des interviews intimistes façon Karine Le Marchand. Les premières dames à se hisser sur le ring : Marine Le Pen, Rachida Dati ou Anne Hidalgo…
Voilà après ces annonces on ne peut parler ni d’innovations ni d’audace mais plutôt de déclinaisons d’émissions très rentables. M6 souhaite conserver son statut de chaîne du divertissement. Ses programmes ont une vocation : générer le maximum d’audience en économisant l’argent de ses annonceurs. Et sur ce sujet M6 a décidé de frapper fort côté commercialisation des espaces en augmentant en 2022 l’indice du spot de 30 secondes pour créer plus de fluidité dans les écrans publicitaires. Une disposition qui va, j’en suis sûr, déplaire aux agences de création qui font payer à prix d’or la production de films publicitaires longs.
En attendant que se concrétise fin 2022 le projet de rachat d’une partie des parts de M6 par TF1 un dossier sensible et épineux piloté de main de maître par Nicolas de Tavernost. Un ensemble qui pèsera lourd dans le landernau de la télévision gratuite avec plus de 70% de l’audience globale suivant les cibles. Il sera désormais difficile pour les groupes annonceurs puissants de réaliser des négociations de confort par la mise en concurrence des 2 chaînes privées.
Quoiqu’il en soit, M6 met peut-être là un coup d’arrêt à l’ère des négociations à l’arraché et compte bien jouer un rôle très actif pour casser les règles et les référents de l’achat d’espace en TV.