Aucun plan de programme complet n’a encore été communiqué par les chaînes majeures pourtant tous les experts des médias ont appris par voie de presse le retour de deux marques programmes fortes en septembre : Star Academy sur TF1 et Masterchef sur France 2.
Star Academy a fait son entrée dans l’arène des programmes dits de téléréalité en 2001, un genre qui a le vent en poupe en ce début du XXIème siècle après le succès de Loft Story diffusée quelques semaines plus tôt sur M6. Souvenez-vous de ce jeune journaliste grec, prometteur transfuge de l’émission Union libre diffusée sur France 2. Nikos Aliagas, propulsé dans le cercle très fermé du prime time, est devenu l’agent 007 toujours prêt et fringant pour servir le royaume TF1.
Après NRJ Music Awards ou The Voice, Mister Nikos reprend du service pour ressusciter Star Academy malgré son passif. Le télé-crochet a en effet perdu 30% d’audience lors des quatre dernières années de diffusion (2005 2008). L’émission recyclée occupera plusieurs cases de la grille de programmes. On retrouvera les futurs Jenifer ou Gregory Lemarchal en access tous les jours et en prime time chaque samedi. C’est effectivement un excellent produit pour TF1. En plus des trois « breaks publicitaires », plusieurs offres de parrainage viendront optimiser les revenus. En clair, Star Academy est un programme hyper rentable, indispensable avant le mariage annoncé TF1/M6. Chaque prétendant doit se mettre sur son trente-et-un et afficher leurs meilleurs résultats. Sur cet aspect M6 a un avantage certain. « La chaine qui a tout d’une grande » est nettement plus rentable que TF1 avec un cours boursier deux fois plus élevé.
Du côté de Masterchef, c’est une tout autre histoire. Cette adaptation de la BBC en 2010 pour TF1 avait pour objectif de concurrencer le succès de Top Chef sur M6. Après cinq saisons, l’émission disparait faute d’audience. Encore un accident industriel ! France 2 fait aujourd’hui l’acquisition risquée de cette marque programme qui a gardé les stigmates du privé. La chaîne leader du service public entend pendant huit semaines dépoussiérer l’émission. Au menu, le bien manger et les produits locaux de saison.
Pour France Télévisions, le contexte s’avère aussi tendu. En 2023, la suppression de la redevance programmée privera le groupe public de la majorité de ses revenus fixes. La Présidente Delphine Ernotte Cunci devra composer une grille de programmes économique pour survivre et présenter à son actionnaire, l’État, un bilan positif. Un fantastique travail d’équilibriste financier en perspective.
La rentrée TV s’annonce compliquée. Les chaines doivent accepter et supporter une baisse de la durée d’écoute qui perdure. Elles doivent surtout composer avec un affaiblissement des audiences sans précédent. Moins d’audience globale implique une charge publicitaire plus forte. Pour les initiés, beaucoup de volume brut réalisé pour moins de net. Dans un premier temps, les chaînes tenteront de renégocier les contrats avec leurs producteurs et rogneront sur les effectifs internes. Dans un second temps, les régies adapteront les grilles des tarifs des écrans publicitaires en fonction d’un objectif d’audience pour rester compétitives sur les segments rois des moins de 50 ans.
L’équation apparait désormais complexe. En limitant la qualité des programmes, les chaînes prennent le risque de moins fédérer. Ce serait un mauvais signal donné à un marché publicitaire sous pression qui privilégie la diversification de ses investissements. Des annonceurs lucides qui doivent faire face à la hausse inédite des matières premières et à une baisse de la consommation. Bienvenue dans une époque imprévisible.