Pendant que vous vous prélassiez cet été sur des plages bondées au soleil en vous tartinant le corps de crèmes solaires polluantes, deux sujets croustillants nous tenaient en haleine : la suppression de la redevance TV et le projet de fusion des groupes TF1 et M6.
Voilà une des promesses de campagne du Président Macron exaucée. Les députés ont adopté samedi 23 juillet la mort de la très controversée redevance télévision sans proposer de garantie pérenne sur le financement de l’audiovisuel public composé de France Télévision, Radio France, Arte ou l’Ina.
Une disposition prévue pour optimiser le pouvoir d’achat des foyers imposables qui vont pouvoir épargner 138 € sur leur Codevi. Ce rabotage budgétaire met l’audiovisuel public dans une position très inconfortable face à son actionnaire l’État. Ce dernier peut à présent lui imposer un « Contrat d’Objectifs sans Moyen ». France Télévisions entrera dans une nouvelle ère : un verrouillage encore plus sévère de l’information et le risque de supprimer des programmes qui déplaisent à l’exécutif. Les jours de « Cash investigation » ou de « Complément d’enquête » sont donc peut-être comptés.
Alors pourquoi une si grande connivence entre le service public et son actionnaire ? En regardant les JT, les reportages traitant de la météo et des vacances dominent. Depuis quelques semaines, je suis devenu incollable sur les plus beaux campings de France ! On est loin d’un éditorial du Monde Diplomatique.
Pour compenser la perte de cette taxe, cette loi propose de ponctionner une frange des recettes issues de la TVA. Une disposition floue qui place l’audiovisuel public sous l’influence encore plus grande du pouvoir et comme dit le dicton « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup » .
La redevance TV représente pour l’audiovisuel public la garantie de son indépendance et de sa créativité. A date, les recettes publicitaires ne suffisent pas. Pourtant, l’ouverture de la publicité des marques après 20 heures est envisagée pour réduire la position dominante sur le segment publicitaire du futur ensemble TF1 / M6.
Second sujet brulant, ce projet ambitieux de vouloir rassembler les deux grandes chaînes rivales. Le pitch : construire un géant français capable de lutter avec les plateformes internationales Amazon Prime ou Netflix. Le challenge apparait compliqué. Associer « deux entreprises françaises » ne revient pas à créer un géant mondial. Cette fusion n’est qu’un prétexte pour mieux maîtriser les coûts d’acquisition des programmes et pour dominer un marché publicitaire puissant mais à bout de souffle.
Avec plus de 70% de part d’audience, le nouvel ensemble pèsera lourd dans les discussions avec les annonceurs. Entre le resserrement des négociations et la volonté d’absorber la quasi-totalité des investissements des groupes annonceurs, le programme d’optimisation des recettes est séduisant.
Coup de théâtre en pleine canicule. L’autorité de la concurrence a donné un premier avis défavorable, certes attendu. Elle invoque une position dominante trop importante, sur le segment de la publicité.
On l’a bien compris le rapprochement TF1/M6 ne vise pas à investir massivement, dans des programmes internationaux à grands coups de milliards. L’objectif caché consiste à réaliser des économies sur le périmètre français et, pourquoi pas, viser la reconquête des bénéfices records des années 90.
Quoi qu’il en soit la géographie des médias va prochainement évoluer. Le Groupe Altice (propriétaire de BFM TV) se montre peu soucieux de la qualité de ses programmes. Il n’y a donc rien à attendre de la cession de TFX et de 6ter. Rien à attendre non plus d’un éventuel projet de privatisation d’une chaîne publique pour améliorer la qualité et la pluralité des émissions. On s’éloigne de plus en plus du célèbre « mieux-disant culturel ». Comme toute industrie, la télévision privée doit prioritairement rapporter… beaucoup.